Finance islamique, quelles opportunités d’emploi ?
La question revient assez régulièrement : après une formation en finance islamique, qu’elle soit universitaire ou professionnelle, quelles sont les opportunités d’emploi et de carrière ? Nous allons tenter ici de donner quelques éléments de réponses à nos lecteurs.
De la Malaisie, pourtant le leader mondial, aux pays francophones…
La Malaisie est connue comme étant le pays de référence sur le marché de la finance islamique. Leader mondial. La finance islamique y existe depuis plusieurs décennies. C’est aussi le pays le plus dynamique, le plus avancé sur le plan technique, de l’innovation financière, et en nombre d’acteurs quel que soit le segment concerné (banque, assurance, gestion d’actifs, etc…). En Octobre 2013, lors de la 9ème édition du WIEF (le « Davos » du monde musulman) qui s’est tenu pour la première fois dans une capitale occidentale, à Londres, Madame Zeti Akhtar Aziz, gouverneur de BANK NEGARA (la Banque Centrale du pays), déclarait « Nous manquons encore de ressources humaines pour le développement de la finance islamique dans notre pays« … Que dire donc de la situation des pays francophones où la finance islamique est encore au stade de la « naissance » ?? Tout simplement que tout est à faire !
Autant d’opportunités que de segments…
La finance islamique ne se résume pas simplement au marché de la banque ou l’assurance islamique. Le secteur financier islamique s’articule en autant de segments que dans le monde dit conventionnel. Si on compte la banque et l’assurance islamique, il existe aussi la microfinance, la gestion d’actif, la gestion de patrimoine, le private equity, les marchés boursiers (actions, sukuk, matières premières, métaux, etc…), mais aussi les autres solutions de financements pour tous les besoins des grandes entreprises non financières (dans les secteurs de l’industrie, des technologies, de l’immobilier, de l’énergie, des services, etc.. etc..)
Autant d’opportunités que de métiers…
Par ailleurs, les métiers qui concernent la finance islamique sont multiples, variés et aussi nombreux que dans la finance dite « conventionnelle ». Là encore, le marché n’a pas besoin uniquement de « banquiers ou assureurs islamiques », mais il a autant besoin de spécialistes en communication, en marketing, en informatique, en droit, en sharia, en conseils, en ingénierie financière, en ingénierie commerciale, en courtiers, en experts-comptables, en fiscalistes, en chefs de projet, en informaticiens, en maîtrise d ouvrage, en directeurs financiers, etc.. etc…
Des opportunités probablement sous nos yeux…
Faut il attendre que les autorités nous déroulent le tapis rouge pour se lancer ? Là encore, on a souvent tendance à croire qu’un marché ne peut exister que si l’Etat le créée. Erreur.. En Algérie, la finance islamique existe depuis près de 25 ans et il n’y a aucune loi spécifique. En France, les banques font des opérations islamiques depuis plus de 10 ans et il n’y a aucune loi spécifique, à part quelques textes fiscaux qui ont vu le jour en 2010. Au Maroc, le premier fonds actions islamique a été créé en 1996, et la loi sur les banques participatives n’a été promulguée qu’au début 2015. Au Sénégal, au Niger et en Guinée, c’est en 1983 que la banque islamique a ouvert ses portes. En Tunisie, si en 2010 c’est le lancement officiel de la première banque de détail, il existe depuis plus de 15 ans, une banque islamique offshore, et ce n’est que depuis 2014 qu’il est question d’un cadre légal dédié (qui n’a pas encore vu totalement le jour).. On peut encore citer la Mauritanie, le Luxembourg… Et pour la petite anecdote, la Dubaï Islamic Bank a été lancée dans un contexte hostile, en 1975, et ne doit son succès qu’à la force de conviction de son fondateur, Sh. Saeed Lootah, qui n’avait à l’époque aucun soutien des autorités ni réglementation spécifique.
Que faut-il faire pour trouver des opportunités ?
La réponse à cette question nous paraît presque évidente : d’abord étudier et se former, pour ensuite comprendre et, enfin entreprendre… oser, être audacieux, pousser des portes, devenir force de proposition là où l’on est.. sans attendre que la « banque islamique du golfe » ne vienne près de chez nous pour postuler. Ce ne sont pas les idées qui manquent, mais les Hommes pour les mettre en oeuvre.